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Pokhara, le calme avant la tempête !

// Comment savoir qu’on devient un habitué des voyages interminable en bus ? Voilà la question qui m’a permis de traverser les 200km entre Katmandou et Pokhara sans m’en rendre compte. Huit longues heures où mes genoux concassés par le siège de devant, s’estiment heureux de ne pas être ma tête martelée par la vitre branlante. Cette même tête qui regrette de ne pas avoir une tronche de cul, car lui à l’avantage entre deux sauts du véhicule d’être assis sur des lambeaux de mousse obsolète.

DSC01062 [800x600modif]Je me surprends à apprécier ce périple à flanc de colline où les forêts  verdoyantes n’ont d’égale que le Jura un soir d’été. La route est d’une étroitesse que le bon sens réfute, elle oblige les camions aux milles couleurs à se fondre dans le paysage pour nous laisser passer après chaque virage amorcé d’un coup de klaxon. Mais au milieu du parcours… je trouve un élément de réponse à ma question ! On est un habitué des longs voyages lorsque qu’avant le départ on a préparé un petit sac de provision pour éviter tout ravitaillement sur la route à des prix exorbitants. Je suis en bonne voie dans ma conquête de l’attirail du parfait voyageur mais je manque encore un peu d’expérience pour maitriser la rudesse des bus népalais.

Au fil des kilomètres, le soleil étincelant laisse place à de nombreux nuages grisonnant. L’entrée de la ville de Pokhara franchie, piquées par les aiguilles de huit milles les baudruches éclatent au dessus de nos têtes. Le ciel gronde, les pluies déferlent et me voilà jeté hors du bus ! J’avais pourtant annoncé comme titre, le calme avant la tempête et non l’inverse ! Grrr !

Pokhara, la ville blanche comme j’aime l’appeler autant pour la vue des sommets enneigés, de sa stupa « peace pagoda » que pour sa population éphémère au teint pale. Au bord du lac, je rencontre plus de touristes venus se ressourcer en sirotant un cocktail les pieds en éventail que des népalais. Dans les rues adjacentes, les hôtels poussent comme des champignons, jour et nuit, électricité ou non, les travailleurs empilent les blocs de béton sous le regard impassible du chef de chantier. J’ai la chance d’assister à une scène improbable mélangeant ces deux mondes. Un jeune couple d’occidentaux essayant de se rabibocher dans la rue fait l’effet d’un vrai cinéma plein air pour les locaux qui n’arrêtent pas de se bidonner devant les efforts vains du jeune homme. La pudeur des népalais est une vertu que je n’ai jamais prise en défaut lors de mon séjour. Deux amis se tenant la main est l‘unique signe d’affection publique visible dans ce pays.

Seul sur la terrasse du Pokhara Kitchen, je mange mon Dal Baht (plat quotidien des népalais, à base de riz, soupe de lentille, patates, quelque légumes, deux grandes chips et un yaourt si c’est une bonne adresse) quand elle entre…

DSC00712 [800x600modif]Je la regarde, elle me regarde, je la regarde, elle me regarde.

-אתה ישראלי? Me demande-t-elle d’un visage triste.

C’est à cause de mon nez ?! Moi qui comme Gainsbourg pense qu’aucune religion ne fait pousser un nez comme çà. Peut être ma barbe alors…

-Are you Turkish ? Me demande-t-elle d’un visage renfrogné.

Au moins, je connais l’origine de cette question, Portant le maillot de Fernerbache sur les épaules, le drapeau rouge au croissant de lune et l’étoile sur le cœur, le raccourci était facile.

-Non, français !

Elle me répond par un visage illuminé. Bref, elle s’est Adi. Une jeune israélienne, scénariste, dont la mélancolie aiguise le fluet son de sa voix.

Après quatorze heures d’un sommeil profond, je me réveille en pleine forme. Ma joie est de courte durée… Trop tard ! J’ai manqué la proposition d’Adi de partager son petit déjeuner. Alors comme une « desesperate housewife », je m’occupe de ma lessive pour habiller ma chambre d’hôtel.

DSC01097 [800x600modif]DSC01029 [800x600modif]Comme à Katmandou, je tourne dans les rues de la ville en espérant trouver un restaurant pas cher, bon et typique pour en faire mon QG. Je découvre la perle rare, l’Asian Tea House, une cuisine en extérieur, deux tables déposées dans la ruelle. Cet endroit confiné oblige les gens à s’asseoir ensemble. Je peux ainsi travailler mon anglais tout en partageant mon repas avec des inconnus. Si je ne pense pas aux conditions d’hygiène française, cette place est un trésor. Un jour mon infortuné voisin de table fit la connaissance d’un cafard baignant dans sa soupe. Au temps dire qu’il fut refroidit et que je ne l’ai jamais revu. Afin d’éviter ce problème, je commande la meilleures soupe de la ville, l’énorme « chicken thukpa » uniquement le soir et j’enlève mes lunettes par précaution. Je l’ai toujours dégusté avec plaisir et je n’ai jamais été malade. Cet endroit délicieux pour le palais est également un subtil recoin de Pokhara où l’on peut faire des rencontres inattendues. J’ai souvent partagé ma table avec une française d’un âge certain qui revient au Népal tout les ans. Autour d’un thé au gingembre offert par le patron (j’en connais une qui aurait adoré les morceaux de gingembre dans sa tasse, mais moi…), cette dame prend le temps de me raconter l’histoire de cette famille qui a commencé avec une maison d’une pièce. N’ayant pas de place pour la cuisine, il l’installe dehors (encore à la même place aujourd’hui), dépose une table et commence à faire à manger pour la rue. Dix ans plus tard, toujours là, le couple avec leurs trois enfants sont heureux de leur réussite car maintenant ils possèdent deux pièces pour vivre, deux tables dans la rue. Relativité quand tu nous tiens…

DSC00661 [800x600modif]Dans cette ville de Pokhara m’offrant un sentiment mitigé par la présence trop voyante de ses nombreux touristes, j’aime me ressourcer le long du lac où la vue sur les montagnes apaise le moindre de mes tourments. Même les réfugiés tibétains harcelant les touristes pour vendre quelques babioles n’arrivent pas à déranger ce havre de paix qui sommeille en moi. Lorsque « je me réveille à temps », je prends l’habitude de commencer mes journées de travail avec un copieux petit-déj au bord de l’eau. Il y a pire comme condition pour rédiger mes futurs articles du blog, ou pour simplement apprécier chaque mot de ce formidable livre qu’est « le tigre blanc » d’Aravind Adiga.

De retour à l’hôtel, je croise une allemande et un suisse en pleine discussion écologique avec le propriétaire de l’établissement. Il s’agit d’un véritable enjeu pour le pays. J’en prends pour preuve l’absence de poubelles dans ma chambre. Il n’y a pas de poubelles dans les rues non plus, mais surtout ces préoccupations ne sont absolument pas dans la culture et l’histoire de ce peuple. Si Katmandou est une déchetterie à ciel ouvert, j’y suis moins choqué car c’est une ville, mais voir des paquets de chips trainés de partout dans des paysages sauvages aussi beaux que ceux qui entourent Pokhara est juste désolant. Il faut savoir que les problématiques d’emballage sont très récentes au Népal, elles sont venues dans les bagages des touristes… Un pays de plus en plus industrialisé, des touristes de plus en plus nombreux, mais une sensibilisation et des moyens d’un autre temps pour pallier le problème… Pourvu qu’il ne soit pas déjà trop tard…

Dans ma chambre je retrouve mon nouvel ami, Jim le roi lézard, c’est bon signe, j’apprends qu’il faut le laisser car il mange les moustiques… Au fil des nuits sa présence devient presque aussi « rassurante » que la musique des Doors. Je ne suis pas seul. En effet, hormis dans la capitale, il est impossible ou presque de trouver des dortoirs dans le pays (mais le prix d’une chambre est dérisoire).

Pokhara est l’endroit parfait pour les retrouvailles avec les voyageurs aperçus à Katmandou. Je retrouve au hasard d’une rue, Paul le sud africain (auteur de la photo du Sadu in smoke), revenant de son trek. Il a l’air en forme et de bonne humeur. C’est plutôt rassurant.

En parlant de trek… [Désolé, je dois m’absenter, quelqu’un frappe à ma porte]

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// Pokhara, c’est un peu le mirage de Nantua, il ne s’y passe pas grand-chose, mais c’est une étape nécessaire pour récupérer des forces avant et après la tempête. Et ici, la tempête que tout le monde vient appréhender, c’est le trek des Annapurna, et c’est pour maintenant !

Pokhara:

Posted on
Samedi, novembre 23rd, 2013
Filed under:
Nepal.
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