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Hippie Hippie Yeah !

// Dring ! Tsong ! Grrrrrrrr ! Aie ! Çà se bouscule au portillon, comment vais-je faire pour traverser cette route cabossée, peuplée de buffles, de rickshaw, de voitures, de piétons et de singes… je me lance… OUPS ! Une moto qui sort de nulle part, je les avais oublié celles là. J’y vais… J’y vais pas… J’y vais… J’y vais pas…

La caractéristique principale de l’être humain, la plus intéressante et à la fois la plus effrayante est sa capacité d’adaptation. C’est ainsi qu’après quelques jours d’indécision, la mienne a fait son travail. J’ai les clés pour marcher sereinement dans les ruelles bruyantes de Katmandou. C’est très simple, il suffit de respecter deux règles basiques. La première : Ne pas faire de choses stupides ! (J’entends par là, ne pas courir, ne pas reculer et surtout ne pas s’arrêter !). La seconde règle est d’avancer droit devant sans changer de direction. Comme par enchantement, le cortège autour de vous continuera son manège tout en évitant de vous percuter. Une moto passe devant, le vélo derrière, tout s’enchevêtre par magie comme si vous étiez protégé par une aura surpuissante qui repousse le danger. Incroyable mais véridique !

Maintenant que vous savez traverser la route, je vous souhaite la bienvenue au Népal ! Et plus précisément à Katmandou…

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J’oubliais un petit détail pour les nouveaux venus à l’estomac sensible, lors de la préparation de votre sac, glissez y un rouleau de papier toilette. Et oui, en Asie on mange avec les mains, enfin la droite… car l’autre, elle sert à…

DSC00073 [800x600modif]Avant les toilettes, ce qui frappe lorsqu’on débarque à Katmandou ce sont les couleurs. Des couleurs vives, intenses, projetées de partout ! Malgré la pollution si abondante qu’elle dégueule de détritus dans les rues, malgré ce brouillard de fumée bouchant l’horizon, rien n’arrive à ternir les couleurs éclatantes de la ville. Si les yeux s’émerveillent à chaque coin de rue, les poumons s’ébrouent frénétiquement pour digérer une atmosphère irrespirable. Katmandou est une ville à proscrire pour tous les asthmatiques. Et il n’y a rien d’un effet de mode à constater l’émergence de nombreux masques à la Michael Jackson sur les visages népalais.

L’autre surprise et pas des moindres pour mon premier jour au Népal, le pays est en grève. Tout est fermé jusqu’à 17 heures. Une grève partielle, mais çà n’est vraiment pas l’idée que j’avais d’un pays asiatique. J’apprends que depuis la chute du royaume, le pays souffre d’une instabilité chronique au niveau politique, que le chômage explose autant que la roupie népalaise perd de sa valeur. Les grèves et manifestations se multiplient avant la période électorale du mois de novembre. Un exemple parmi tant d’autre de la colère des népalais, l’électricité. Le Népal est un pays d’une nature très riche, comprenant d’immenses rivières qui descendent des montagnes. De nombreux barrages hydro-électriques y ont été construits et pourtant les habitants sont privés d’électricité entre 3 à 4 heures par jour. La raison à cela, le gouvernement a signé un contrat avec l’Inde pour lui fournir de l’énergie. En contre partie les conséquences de l’inflation sur les produits indiens sont limitées. Le Népal a le malheur d’être coincé entre la Chine et l’Inde, sans océan, aucune ouverture sur le monde. Sur le plan du commerce international, il est obligé de traiter avec ce qu’on pourrait appeler des voisins difficiles.

Après ce petit interlude sur la situation économique et politique du pays, le soleil s’est couché très tôt, les magasins ont ouverts et moi je m’en vais visiter le quartier de Thamel. C’est le quartier pour touriste au look suranné. Les guides officieux vous abordent tous les vingt mètres pour vous vendre à défaut d’un trek des cigarettes qui font rire. Katmandou fut le rêve hippie, certains dont les cd rayés tournent en boucle essayent de poursuivre cet espoir dans une ville qui n’en absolument plus l’odeur. En tout cas pas l’odeur que j’ai pu sentir en lisant de nombreux romans d’époque. Il est intéressant de constater que les « occidentaux » avec des rastas à faire pâlir Bob Marley dans sa tombe, une allure tellement désinvolte qu’on imagine qu’ils l’ont travaillé pendant des heures, tous ces gens d’une autre époque qui écument encore les rues de Katmandou sont en parfait désaccord avec l’harmonie de la ville. En effet, ils ont un style de vie en totale opposition avec celui des Népalais. Aujourd’hui encore, je me demande comment Katmandou a pu être l’objet de tant de fascination de la part des hippies… Tout cela était certainement le fruit des frontières poreuses d’un pays à proximité de grands producteurs d’opium, quelques sâdhus et ashrams importés d’Inde, le tout bien aidé par un coût de la vie relativement faible.

DSC00589 [800x600modif]Pour illustrer mes propos sachez que je mange d’excellents momos pour moins d’un euros, des nouilles pour 70 cents ou encore le plat national à volonté « Dal Bhat » pour 1,5 euros. Je reviendrai sur l’excellente nourriture népalaise dans les prochains articles. En attendant je dors dans un dortoir de six personnes pour la modique somme de 2,5 euros par nuit, mais c’est bien plus qu’une auberge de jeunesse très propre, c’est un hôtel aux tapis magiques. En effet, sur le toit de l’Aloobar1000 sont disposés quelques tapis, un bar et beaucoup de jeunes pour passer des nuits à refaire le monde. Personne ne sort à la conquête des lumières artificielles de la nuit. Tout est ici, assis sur les tapis, éclairés par les étoiles, entre quelques gorgées de bières, au rythme des accords de guitare et du bruyant didgeridoo, les joints tournent pour les fumeurs, les idées s’échangent pour tout le monde. C’est donc çà l’esprit Katmandou. Sur ce fameux toit, je rencontre de nombreux sud africains et notamment Paul (l’auteur de la photo du sâdhu dans la fumée dont je vous invite à jeter un œil sur son site : http://unionsquarebackslide.com/ )

Un soir à la recherche d’un restaurant où la nourriture ne semble pas très appétissante mais où elle est excellente, dans la rue je tombe sur une cérémonie hindouiste aussi stupéfiante qu’inattendue. Une tête de buffle posée sur une table remplie d’offrandes, des fleurs de toutes les couleurs, de la nourriture à foison, des bougies pour illuminer ce tableau tout droit sorti d’un musée vivant, et bien évidemment de nombreuses roupies qui jonchent le sol sans que personne n’en pique une seule. N’ayant pas encore les bons réflexes, je n’ai pas pris mon appareil photo. Dommage ! (Enfin surtout pour vous, car l’image de cette scène surréaliste est encore gravée dans ma mémoire.)

Après l’interlude économique, il est temps de faire un petit rappel sociologique sur la religion au Népal. Depuis peu, le pays est officiellement un pays laïc, mais il est composé d’une histoire et d’une population majoritairement hindouiste, même si de nombreux bouddhistes ont trouvé ici une terre d’accueil, notamment dans les régions montagneuses.

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C’est donc à six dans un taxi ridiculement petit que nous prenons la route en direction du temple hindou de Pashupatinath pour assister à ce que les « australiens » appellent familièrement : « Burning bodies ». Il s’agit d’un temple où les familles viennent rendre un dernier hommage au défunt en l’aidant à passer dans l’autre monde grâce à une cérémonie de crémation de plus de quatre heures, pendant laquelle un rituel très strict est observé. Je dois avouer que je suis totalement gêné d’être là. De participer à ce spectacle payant pour les touristes. Assis dans une tribune sommaire où nous pouvons assouvir notre voyeurisme morbide en toute quiétude. J’ai du mal à trouver la logique entre une famille en deuil d’un coté de la rivière où le corps de l’un des leur crépite sous les flammes et de nombreux touristes (dont moi) de l’autre côté qui font crépiter les flashes de leur appareil photo sous le soleil. Je ne suis pas à ma place, je n’ai rien à faire ici ! Et çà n’est pas les nombreux sâdhus qui peuplent le temple à la recherche d’argent de la part des touristes qui éteindront ce sentiment de malaise. Un sâdhu est quelqu’un ayant renoncé à la société pour se consacrer au but de toute vie, selon l’hindouisme, qui est la moksha, la libération de l’illusion (māyā), l’arrêt du cycle des renaissances et la dissolution dans le divin, la fusion avec la conscience cosmique. (Wikipédia) Comprendra qui pourra, mais moi je trouve qu’ils tournent bien trop souvent autour des touristes et leur argent pour avoir totalement renoncé à la société. Il faut savoir que la plupart du temps ce sont eux qui vous abordent pour vous demander de les prendre en photo contre de l’argent, et non l’inverse…

Pour tromper mon esprit afin qu’il trouve un certain plaisir d’être là, je chantonne les paroles du moribond de Jacques Brel : « J’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse / J’veux qu’on s’amuse comme des fous. / J’veux qu’on rie, j’veux qu’on danse / Quand c’est qu’on m’mettra dans l’trou. » Mais à Pashupatinath, il n’y a bien que les enfants qui s’amusent comme des fous en barbotant dans l’eau avec le fol espoir de récupérer quelques pièces d’or emportées dans les cendres du défunt par le flot de la rivière.

Pour le retour, j’ai la chance d’être à l’avant du taxi. Et je constate qu’il y a en dehors de la ville, trois voies pour circuler. Deux pour rouler à gauche comme nous le faisons à droite chez nous, et une au milieu pour les amoureux de la roulette russe. Cette voie non officielle appartient à tout le monde et à personne. Je suis soulagé de voir que notre chauffeur est aussi peureux que moi, et qu’il ne l’utilise quasiment jamais.

DSC00603 [800x600modif]Lorsque les émotions sont un peu trop fortes, j’ai pris l’habitude d’aller me ressourcer dans « mon garage ». Il s’agit d’un minuscule restaurant familial dans un garage sans autre ouverte sur l’extérieur que la porte relevée. Il y fait très chaud et le tandoori (four indien) n’arrange rien à la situation. Mais qu’est ce que je m’y sens bien. Il suffit de goûter une fois à leur cuisine pour en être totalement accro. J’adore venir m’asseoir à des heures inhabituelles pour manger, ainsi je peux profiter pleinement de la symphonie jouée par le cuistot. Au « Western Tandoori », quand il prépare les naans, ses doigts jouent une partition bien connue, ses mains claquent en rythme et le pain craque dans le four pendant que mes papilles salivent de plaisir ! Il y a aussi ce petit qui ne parle que très peu anglais mais qui vient prendre les commandes quand le restaurant est bondé. Il est tellement chou et sympathique que j’ai pris l’habitude de lui laisser systématiquement 10 roupies qu’il se dépêche de glisser dans sa poche comme un trésor avant de relever les yeux vers moi et de me lancer l’habituel : « See you tomorrow ! ». Le lendemain, assis à ma table, j’assiste à ce que je considère comme l’image invraisemblable du voyage ! Le petit népalais de huit ans est debout entrain de prendre la commande d’un blondinet aux yeux bleus du même âge que le sien. Mi septembre, il voyage en famille. Deux enfants, deux histoires, deux mondes que tout opposent et pourtant ils sont réunis le sourire aux lèvres dans ce garage de Katmandou !

Pour maximiser mes chances de rencontrer des « autochtones » je passe le plus clair de mon temps à errer en solitaire dans les rues. C’est comme çà que j’apprendrai avec deux anciens à jouer au Bagh Chal (littéralement le tigre bouge). Un jeu stratégique, à la croisée des chemins entre les dames et les échecs, très populaire au Népal, car il ne demande rien de plus que quatre grosses pierres et 25 petits cailloux. Apres une énième défaite, je pars à la découverte du Durban Square de Katmandou. Une nouvelle fois, je suis happé par l’odeur de la rue. Impossible à retranscrire, c’est un mélange de merde, de poussières, d’épices et de gaz d’échappement. En tout cas, çà ne vaudrait pas le coup de l’importer en Europe pour en faire un parfum, ce dessein serait voué à l’échec. Pendant que mon esprit s’évade, je réalise qu’il y a également un vrai sens de circulation pour les piétons. A gauche, comme les voitures. C’est un « non-sens » pour moi car le danger arrive dans ton dos. Mais à force de rouspéter, je me fais punir par un petit oiseau qui me chie dessus et çà n’est pas aussi romantique que dans la chanson de Nick Cave et Pj Harvey. (Henry Lee pour les aficionados). Ce pays va être parfait pour mettre à l’épreuve ma « Royal Zenitude ».

DSC00181 [800x600modif]Le Durban Square est le centre historique de la ville. La place est remplie de temple et de… pigeons ! Il y a également les autorités locales qui essayent de prendre les touristes pour des pigeons. En effet, en temps que « blanc », j’imagine que c’est le seul critère d’identification qu’ils ont, l’entrée devient payante. Les grandes avenues qui mènent sur la place sont équipées d’un petit poste qui arrête uniquement les touristes pour leur faire payer l’entrée. Je refuse et m’aventure dans un jeu des plus amusants. Je décide de suivre quelques locaux dans les pauvres ruelles adjacentes, et sans y prendre garde je me retrouve au cœur de la place, sans payer et sans passer pas les postes de garde. Ce petit détour fut très riche sur le plan personnel, non pas pour l’argent économisé, mais pour rencontrer des gens à la pauvreté extrême mais au sourire communicatif. Cet après midi là, par l’un d’entre eux, j’apprendrai qu’un touriste au Népal est considéré comme un envoyé de Dieu. Et que le plus important est qu’il se sente accueilli chaleureusement. Si les agences de voyage et leurs nombreux rabatteurs ainsi que l’argent tendent à faire oublier certaines valeurs du pays, ses habitants les plus miséreux qui n’ont rien d’autre qu’un sourire à vous offrir, vous le donnent avec plaisir. Merci !

A l’auberge, je retrouve la bande des quatre, Kassy dit la belle américaine, Tim le canadien au teint népalais, Will l’australien qui les fuit quand ils sont en groupe, et l’inconnu néo zélandais régulièrement remplacé par une hollandaise dont j’ai perdu le nom. Tranquillement posé sur le toit de l’hôtel, de façon impromptue dans une conversation qui n’avait pas beaucoup d’intérêt, Kassy lâche :

-Hey les gars ! C’est mon dernier soir, je pars demain, et j’aimerai vivre une « Expérience Katmandou » !

Qu’entendait-elle par là ? Personne ne le sait, et personne n’a eu le courage de lui demander plus de détails. Elle a certainement trop lu « flash » ou un équivalent. Il faudrait interdire sa vente dans les pays occidentaux. Pour ceux qui ne l’ont pas lu et pendant qu’il est encore temps … Pensez à rendre visite à votre libraire, ou mieux encore je peux vous le louer à distance contre la modique de 5 euros qui servira à financer la suite de mes aventures… Cà n’est pas un bon deal ? Moi aussi je peux jouer au Sâdhu qui ne renonce pas totalement à l’argent. (Pour les modalités voir avec mes parents !)

Minuit et nous voilà parti dans les rues de Katmandou à la recherche d’alcool et de pétard pour les fumeurs. Ce dernier fut très facile à trouver, nous n’avions pas fait dix mètres que nous fûmes assaillis. Pour l’alcool, nous étions plus sceptiques jusqu’à ce que nous trouvions un vendeur de chips encore ouvert. Kassy avec un regard à tomber par terre lui demande où nous pouvons trouver une bouteille…

-Ici mes amis !

Derrière les briques de jus d’orange, il nous sort tout un attirail de whiskey et de gin. Il n’y a plus qu’à se servir. Postés dans une sombre et étroite ruelle, dérangés épisodiquement par quelques népalais inquiets mais rassurés de voir que nous sommes des « blancs » selon leurs mots, la conversation peut reprendre son fil…

-J’aimerai pas me faire accoster par une prostituée, je serai incapable de savoir si c’est un homme ou femme ce soir, constate Tim.

-Çà tombe bien, en voilà !

-Ne me laissez pas seul !

Au même moment comme s’ils/elles l’avaient entendu, deux prostitués débarquent. C’est la fin du jeu, il est temps de rentrer à l’auberge. Quant à Tim, bien qu’il ait eu du mal à se décider, perclus de doutes, il a fini par nous courir après. Est-ce çà une « expérience Katmandou ?! ». Kassy est souriante alors nous en déduisons que oui.

DSC00280 [800x600modif]Aujourd’hui, la bande des quatre a perdu un membre, mais c’est toujours aussi bandant de partager quelques moments avec eux. En route pour Swayambunath communément appelé le « Monkey Temple » afin d’admirer le coucher de soleil sur la ville de Katmandou. Le temple bouddhiste perché sur une petite colline offre une vue imprenable. Les yeux de paix et de compassion qui orne la Stupa dépose un regard calme et bienveillant sur la ferveur de la ville. Tellement calme, qu’avec la musique religieuse, le garde s’endort et oublie de nous faire payer l’entrée. S’il y en a bien qui ne dorment pas, ce sont les singes. Rusés et coquins comme dans une bande dessinée, ils s’organisent pour piquer les biscuits des chiens qui tournent en rond. Les chiens ne sont pas les seuls à se faire avoir, en moins de temps qu’il me faut pour l’écrire, un singe a bondi et volé la bouteille d’eau de William. Ils ont l’habitude car hors de portée, ils ouvrent la bouteille et boivent au goulot. Comme des petits mecs, ce sont de vrais chenapans…

IMG_9557 [800x600modif]Si je voulais de la folie à Katmandou, en cet après midi de festival je suis servi. Compressé par une foule immense dans Durban Square, j’ai vu la folie des hommes… Car à l’inverse de leurs chapeaux qui penchent à droite, la garde a l’air un peu gauche et désorganisé. Il faut oublier ses réflexes européens, là où en France on tenterait d’éviter tout mouvement de foule, au Népal ils les provoquent ! Les chevaux de la police s’approchent pour faire reculer les premiers rangs, les CRS poussent à contre sens, et au milieu de tout çà, un éléphant et un être maléfique avec une torche allumée sont poursuivis par des jeunes. Cet après midi, j’ai aussi vu la folie des dieux… Des dieux vivants ! J’ai de la peine pour cette pauvre petite divinité à qui on a pris l’enfance, mais également la vie. Elle semble totalement hagard, sonnée, perdue par ce qui est entrain de se passer sous ses yeux. Le peuple se bouscule pour l’apercevoir sans qu’elle ne réalise totalement ce qu’elle  représente dans l’imaginaire de tous ces gens. Il faut savoir que la Kumari est une divinité vivante, choisie dès son plus jeune âge sur des critères invraisemblables. Un de ceux là, et de faire passer aux petites prétendantes une nuit dans le noir en compagnie de têtes d’animaux. Ne sont retenues que celles qui ne pleurent pas. L’élue devient une déesse jusqu’à l’âge de douze ans, puis passe le reste de sa vie seule. La légende raconte que si un homme épouse une « ex Kumari », il mourra très vite, ce qui dissuade les plus téméraires…

Entre deux matches de cricket avec Sébastien, un franco suisse, nous avons eu l’autorisation de changer la chaine de la télévision pour regarder, l’Everest dans nos mains (bière locale), la victoire de Bâle sur Chelsea. Les membres de la bande des quatre se sont tous envolés à la découverte de nouveaux horizons, c’est donc avec Sébastien qui s’appelle en réalité lui aussi William (la bière joue parfois quelques drôle de tour) que je m’en vais explorer Patan.

DSC00499 [800x600modif]Patan se trouve au sud de Katmandou, c’est l’équivalent du Durban Square mais en plus petit, avec plus de charme je trouve. Nous jouons au chat et à la souris avec les gardes en essayant de pénétrer la place centrale par des chemins improbables. Les gens sont toujours aussi souriants et bienveillants. Peut être parce qu’il y a moins de monde, je tombe sous le charme de la place, et avec l’autorisation des locaux je me lance dans la réussite d’un défi, je grimpe sur un éléphant ! Done ! Avec l’arrivée d’un cortège d’étudiantes en costume, nous avons droit à la traditionnelle séance photo pour qu’elles puissent se voir. Mais avec l’arrivée de la pluie, nous avons enfin le droit de prendre la fuite pour se réfugier dans un mini bus. J’avais expérimenté le taxi qui finalement n’est rien comparé aux tremblements du bus à trois roues. Çà secoue tellement que je manque plusieurs fois de passer à l’avant. Cependant je préfère Katmandou sous la pluie. Les couleurs sont toujours aussi vives et l’air beaucoup plus facile à respirer.

J’embarque Pauline avec moi au « Cookie walla », petit bouiboui introuvable dans les ruelles de Katmandou, où j’essaye de lui remonter le moral qu’elle a dans les chaussettes. Et quoi de mieux que le meilleur dessert de la ville ? J’imagine que le chocolat est plus efficace que mon ironie. En effet, gentiment je me moque d’elle et son besoin de se déculpabiliser en voulant aider la terre entière mais qui se coupe du monde avec ses pratiques rituelles du Yoga ou toute autre sorte de méditation. Cependant mes petites provocations, ne m’empêchent pas d’être profondément touché, meurtri, quand tous les soirs devant mes yeux mouillants se joue le même film, beaucoup trop triste, qui n’arrête pas de tourner en boucle sur la chaîne de la vie… Comment rester insensible à la vue de tous ces mômes, d’une douzaine d’année pour le plus âgé, mendier à la nuit tombée quelques biscuits ou roupies afin de s’acheter de quoi sniffer des sacs de glues.

Comme ces gamins, orphelins et désœuvrés dans la fourmilière grouillante de Katmandou, souvent je me sens petit. Terriblement petit, car je ne fais rien pour changer le cours des choses et pourtant dans les yeux des népalais, je suis grand. Non pas par l’intelligence, non plus par la pensée, ni par un égo surdimensionné (bien que je ne sois pas le plus à même de parler de moi), mais je suis grand par… la taille ! Une tête de plus que tout le monde. Et çà sert (pas dans les bus locaux je vous l’accorde) ! Notamment lorsque je vis ma première expérience avec l’Inde dans la rue de Katmandou. Un mendiant me suit sur plus de 50 mètres. Il réussit à m’énerver en s’accrochant sans cesse à ma manche (chapeau à lui), que j’en viens à hausser le ton. Ma taille cumulée à la gravité de ma voix le fait fuir immédiatement. Ma seconde expérience avec l’Inde se passe à l’ambassade, où j’attendrai un nombre incalculable d’heures pour récupérer un tampon sur mon passeport. Mais l’Inde çà n’est pas pour tout de suite, car j’ai décidé d’étendre d’une quinzaine de jour mon visa népalais pour sauter de ville en ville à travers ce merveilleux pays.

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// Ces lignes sont veines et terriblement frustrantes pour moi. Car je prends conscience au moment de les rédiger que le seul moyen de faire vivre l’expérience Katmandou à celui qui n’y met pas les pieds, c’est d’écrire un livre sur place, le laisser m(o)urir pendant des années dans la rue, pour l’offrir à qui sait feuilleter les odeurs indéchiffrables. Katmandou, c’est tout çà et bien plus encore !

Katmandou:

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Samedi, novembre 9th, 2013
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Nepal.
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