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Comment t’aimer ?

// Sur les routes de l’amour… Je pars découvrir l’amour indien sous toutes ses formes. L’amour qui s’offre pour l’éternité avec sa merveille du monde : le Taj Mahal. Et l’amour sauvage, reste d’une Inde opulente, où la sexualité se mélange à la spiritualité dans les temples érotiques de Kajuraho.

Avant de jouer l’amoureux transi dans la ville d’Agra, je dois composer avec l’ironie des indiens. Epuisé par une courte nuit de sommeil, à peine assis dans le train, je m’endors paisiblemeeee…

« Excusez-moi ! Excusez-moi !!! Voulez-vous un petit déjeuner ? »

Le personnel du train me réveille sans cesse, pour me proposer un repas, un jus de fruit et plein d’autre chose dont je ne veux pas, car je désire simplement dormir. Mais le comble de l’ironie arrivera lorsqu’il me réveillera de nouveau pour réclamer un pourboire ! Il ne manque pas de culot le garçon !

Depuis la vitre du train, pendant que j’aperçois la misère de ces femmes malaxant les nombreuses bouses de vaches avant de les faire sécher en rond pour s’en servir comme combustible, derrière moi tous les indiens comptent en anglais. N’y a-t-il pas de chiffre en hindous ? ou est ce simplement par habitude de langage, comme le « moni » qu’ils apprennent dès leur plus jeune âge ?

DSC02343 [800x600modif]J’arrive à l’hôtel où mon chapeau de paille fait toujours fureur. L’établissement et la chambre me font une très bonne impression, malheureusement je constate vite qu’il est à proximité d’un carrefour et du Taj Mahal, ce qui signifie des journées et des nuits rythmées par un concert de klaxons. Sur les conseils judicieux du couple de français que j’ai rencontré dans mon périple râjasthânis, je m’en vais acheter mon billet pour une des sept merveilles du monde modernes. En effet, il est possible de récupérer son ticket la veille au soir pour le lendemain, ceci m’évitera les longues files d’attentes. C’est amusant de voir, qu’il y a une ségrégation « positive ?! » pour le prix des billets. Il est de 20 roupies seulement pour les ressortissants indiens contre 750 roupies pour le reste du monde. Malgré tout Je trouve cette discrimination plutôt bienvenue. Il est important que l’objet de tant de désir soit accessible à tous les indiens, y compris les plus pauvres. En contre partie, la file d’attente est également divisée en deux, et celle réservée aux indiens ne désemplit jamais, mais je crois qu’ils aiment çà…

Le lendemain, c’est à la fraîche (enfin si cette expression a toujours un sens en Inde) que j’arrive dans le parc qui entoure le Taj Mahal. A cette heure ci, comme me l’avait promis le couple de français, il n’y a pas grand monde, si ce n’est des singes qui profitent de la verdure déserte et se gavent des miettes laissées par les touristes. Après de nombreuses fouilles pour des questions de sécurité, me voilà enfin à l’entrée du mausolée. Une grande porte empêche de voir quoi que ce soit, mais déjà, je tombe d’amour pour ce lieu. Je ne vois rien, j’aperçois, je sens, j’imagine, il est temps de franchir le seuil… IMPRESSIONNANT !

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DSC02356 [800x600modif]Dans cette brume matinale, un paradis blanc s’impose au fur et à mesure que j’avance dans les pas du soleil qui se réveille. Un chef d’œuvre ! Une merveille du monde moderne ! Rare sont les monuments qui me transportent, mais aujourd’hui je suis envouté par la pureté de l’édifice. Sa symétrie a été poussée jusqu’à construire une mosquée fictive qui n’est pas orientée vers la Mecque. Le Taj Mahal est un bonheur pour les yeux. L’histoire de ce mausolée, ne fait qu’ajouter grandeur et prestige à l’édifice. Existe-t-il une plus belle preuve d’amour ? Un amour fou, hors du temps… Les lamentations sorties des hauts parleurs de la mosquée amplifient la sensation d’un amour éternel suivi d’une peine incompressible. C’est une chance d’être venu si tôt, je me sens seul, la chair de poule saisit mon corps quand le soleil habille progressivement les murs du Taj d’une robe blanche éclatante. Visiter le mausolée à la première heure est une chose à ne manquer sous aucun prétexte. L’Inde sans passer par le Taj Mahal c’est un peu visiter la France sans boire une goutte de vin, c’est possible mais ne manque t on pas l’essentiel ?

DSC02411 [800x600modif]En contraste avec la beauté irréelle du Taj et son jardin, la ville d’Agra n’est pas gâtée par la nature. C’est une des plus polluée que j’ai pu voir en Inde, et çà veut dire beaucoup. Même à midi, lorsque le soleil est à son zénith, il a aussi peu d’intensité qu’à l’aube à cause du nuage de pollution qui règne en maitre sur la ville. Je passe de longues heures à regarder ce vieil homme retranscrire des papiers sur sa machine à écrire d’un autre temps pendant que sa femme, assise devant le seuil de leur garage qui sert de bureau, récolte les informations. Après tant d’années, il suffit de les voir travailler ensemble pour comprendre qu’il y a là plus qu’une complicité, il y a un amour qui n’aura jamais de Taj Mahal mais qui n’en reste pas moins grand et passionné. Je suis sous le charme !

C’est le cœur léger que je m’en vais vers la gare pour prendre un nouveau train de nuit en direction de ce que j’imagine être l’érotique ville de Kajurahuro. Ne sachant pas que dans le même wagon, il y a un bloc seconde et troisième classe, je m’installe sur une couchette avant qu’un jeune m’explique qu’il s’agit de la sienne. Je veux bien le croire car il n’y a que quatre couchettes dans le bloc et avec mon billet troisième classe, il devrait y en avoir six. Mais peu importe, je suis bien dans ce bloc, alors je pique une couverture et m’installe sur une couchette vide. Je passe une paisible nuit. Personne ne viendra contrôler mon ticket contrairement à mon voisin. Cette nuit facile, m’a mis de bonne humeur, je suis en forme et prêt à affronter l’Inde et son peuple exigeant. Du coup, je trouve un restaurant où je passe dix minutes à négocier le prix pour obtenir 10% de réduction sur la note. Mais le plus important, la nourriture est excellente, alors j’entame déjà les négociations pour le repas du soir. J’obtiens mon tarif maison pour tous les plats de la carte.

DSC02430 [800x600modif]La journée déjà bien entamée, je laisse la visite des temples pour le lendemain et je m’enfonce dans le vieux quartier de Kajuraho en compagnie de deux jeunes indiens rencontrés sur la route. Je suis de nouveau choqué par la difficulté des conditions de vies de certains indiens dans les campagnes. Kajuraho est une toute petite ville où l’on peut encore apercevoir les différents quartiers en fonction des classes, il n’y a pas besoin d’être un expert pour reconnaître la place des intouchables… Le trouble qui m’envahit ne fait que croitre lorsqu’un gamin de dix ans joue à l’éleveur de serpent. Je ne m’y ferai jamais avec ces bêtes rampantes. Je file me réfugier dans les petits temples égarés où les positions érotiques ne manquent pas. J’apprends que le dragon est là pour contrôler l’esprit. Mais alors que signifie cette statue où une femme tire la queue de ce monstre ailé crachant du feu ?

J’ai définitivement quitté l’amour sensuel du Taj Mahal pour plonger au cœur de l’amour violent et sauvage qui anime la flamme indienne. Le plus âgé des deux jeunes qui m’accompagnent est fier comme un coq de m’avouer qu’il a eu sa première relation sexuelle avec une « Call girl ». Il y a peu de temps, un de ses amis avait appelé une de ces filles qu’ils ont partagée pour son anniversaire. C’est triste mais pas très surprenant vu l’absence d’intimité qui existe dans ce pays. Mais je tombe des nues quand il me dit que je suis chanceux.

-Pourquoi ?

Naïvement, je m’attends à la réponse classique mais néanmoins assez vraie : je suis français, je peux voyager, j’ai de l’argent. En réalité je suis loin du compte…

-Tu es chanceux, car tu es blanc et toutes les femmes blanches sont des putes ! Tu as juste à sortir et à choisir celle que tu veux… m’annonce t il d’un sérieux qui me fait peur.

Il justifie sa vision en appuyant le fait que toutes les actrices pornographiques sont blanches. Le plus inconcevable c’est qu’il n’y a pas de place pour la modération dans son esprit. Les films sont la réalité. Les actrices blanches deviennent toutes les femmes blanches… Sous le choc, les bras m’en tombent et je ne sais quoi lui répondre. Je passe la soirée, seul au restaurant, où les coupures d’électricités accompagnent mes pensées désabusées. C’est avec la lumière d’une bougie vacillante que j’écris quelques mots sur les dangers de l’information mal contrôlée…

DSC02458 [800x600modif]Regonflé par une nuit que je n’aurai jamais imaginée si calme, je pars explorer le temple de Shiva où j’ai droit à mon tilak de bonne chance. J’enchaîne avec la visite des temples voués au tantrisme. Il est amusant de chercher dans ses murs, les statues érotiques disséminées au milieu des scènes de vie. Une représentation assez réaliste des joies du monde. Par contre faudra m’expliquer pour les chevaux ?! L’érotisme s’est envolé pour laisser place aux fantasmes les plus fous… Certains ont tellement joué avec le feu qu’ils semblent avoir brulé la fleur… Faut-il partir en vrille et tout essayer pour trouver l’orgasme tantrique ? Je vous laisse seul juge…

DSC02508 [800x600modif]A la sortie des temples, je retrouve un commerçant avec qui j’échange quelques mots. Il m’offre un thé, quand j’aperçois un français rencontré dans le train qui devait avoir une expérience de woofing. Vingt quatre heures après, elle est déjà finie ?! Je cours à sa rencontre pour le saluer, mais ma chance m’a déjà quitté comme mon tilak que j’ai frotté malencontreusement. Dans ma course, mon téléphone portable a sauté, je m’en aperçois cinq minutes plus tard, mais il est déjà loin… très loin… Des gens ont vu deux jeunes jouer avec de l’autre côté de la rive. Les chauffeurs de tuk-tuk essayent de m’aider en essayant d’appeler mon numéro. La ligne est coupée, voilà déjà une bonne nouvelle. Nous partons ensuite dans une chasse à l’homme aussi amusante qu’inutile. Mais çà égaye la journée des indiens, qui se prennent pour des détectives de renoms… tout le monde veut jouer, mais malgré toute leur bonne volonté, le résultat est un échec sur le plan matériel. Cependant pour moi, il s’agit d’une belle réussite, j’ai partagé une heure pleine de vie en leur compagnie sans qu’une seule fois il ne soit question d’argent.

Me voilà, sans montre, sans réveil, simplement guidé par mes envies… Je deviens libre et/ou prisonnier de mes pulsions pour la suite de voyage. Je suis impatient de vivre cette nouvelle expérience. Çà m’excite !

// Ses vestiges du passé m’ont conforté dans mon impression. Que l’amour soit tragique, violent, brulant, sexuel, érotique, sensuel, envoutant, rêveur, magique ou éternel, l’important est qu’il soit joué avec… PASSION !

Agra:

Kajuraho:

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Dimanche, mars 9th, 2014
Filed under:
Inde.
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4 Comments to “Comment t’aimer ?”

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@flo et manu: Salut les Pereira!
C’est simplement la photo de la vache avec les fleurs sous les yeux qui m’a aveuglé l’espace d’un instant. Mais soyez en sur, je ne ramènerai pas une indienne en France, çà c’est certain !!! :-P
A bientôt

mars 9th, 2014
Kassé

@Angel: Salut Angelo! Merci pour ton petit mot… et sache que le vent me mène dans des pays sublimes… J’adore la palette de couleur qui sévit dans les pays d’Asie du Sud Est. A bientôt pour de nouvelles aventures ;-)

mars 9th, 2014
Kassé

coucou kevin , je vois que tu es vraiment tombé dans le monde de l amour , reviendras tu avec une petite indienne…lol bisous et bonne continuation

mars 9th, 2014
flo et manu

bonne continuation, bon vent et jouis de tous les instants
Angel

mars 9th, 2014
Angel
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