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Danse à Debrecen avec Couchsurfing !

// Ce soir sur le quai de la gare de Debrecen, je ne sais pas où donner de la tête. Comment retrouver mon hôte que je n’ai vu qu’une fois en photo au milieu de cette foule ?

Fort heureusement, il est beaucoup plus facile, pour Katalin de me reconnaître. Je suis le seul à descendre du train avec un sac de voyageur. Mon hôte pour mes trois prochains jours à Debrecen est une mère de famille d’une cinquantaine d’année. J’avais envoyé une demande d’hébergement à sa fille par l’intermédiaire de couchsurfing. Cette dernière n’étant pas disponible à ce moment là, me conseille de faire une requête auprès de sa maman. Me voilà donc hébergé par Katalin et ses nombreux chats. Après avoir fait quelques courses, grignoté quelques friandises locales… (Ah le fameux Túró Rudi, cette petite barre chocolatée fourrée au « cottage » dont raffole les hongrois), il est 22h30 et nous commençons à peine à préparer le Pörkölt, un ragout de viande et de paprika sous toutes ses formes (en crème, en poudre, il en faut de partout !). Petit rappel, pour qu’un plat hongrois soit réussi il se doit être rouge !

DSCN3265 [800x600modif]Après une longue nuit de conversation et de repas, je suis repu pour m’endormir seulement quelques heures. En effet, j’accompagne Katalin à son travail le lendemain matin, elle est secrétaire médicale. En route pour faire contrôler mon taux d’INR. La rencontre avec son boss se passe bien, même s’il est surpris de voir que j’utilise le préviscan, très rare ici. Je fais donc ma prise de sang, tout en soupçonnant un taux élevé suite à mes mésaventures avec mon doigt à Eger. Katalin a la chance de travailler dans un hôpital moderne, qui ne ressemble pas vraiment aux hôpitaux classiques. Il est construit dans un parc que les debrecenois appellent « la grande forêt », ironique quand on connait la taille réelle du parc. L’hôpital est constitué de plusieurs petites maisons suivant leur spécialité. Ce qui donne à l’ensemble un cadre harmonieux, et un lieu très apaisant pour les patients.

DSCN3227 [800x600modif]Après quelques heures de balade dans la ville, je comprends mieux pourquoi le parc est appelé la grande forêt, il s’agit du seul coin vert à Debrecen. De plus, la ville est dans une cuvette, principalement faite de béton, ce qui rend l’atmosphère irrespirable en période d’été ! J’en fais vite le tour, la ville ne présente pas beaucoup d’intérêt si ce n’est sa célèbre église calviniste et son université. Une des plus célèbres et belles de Hongrie. Je comprends l’aigreur que peuvent ressentir les habitants de Hongrie vis-à-vis des budapestois. Il y a la tête et le reste, ce pays est une démonstration de la centralisation poussée à son extrême. Tout se trouve dans la capitale. Les moindres nécessités administratives peuvent s’avérer un calvaire si l’on n’a pas la possibilité de se rendre à Budapest.

Je retourne à pied à l’hôpital. Si je précise à pied, c’est parce qu’ici, il y a deux lignes de tramways qui sont en travaux depuis plus de deux ans. Ces interminables rénovations tournent au fiasco, çà en est devenue la risée de tout le monde, ce qui a le dont d’exaspérer les habitants. A l’heure actuelle ce sont des bus qui roulent sur les rails du tramway.

Je retrouve Katalin qui me donne mes résultats sanguins, un peu élevé comme je le craignais, mais rien d’alarmant, je commence à bien connaitre mon corps. Nous retournons chez elle, où je l’aiderai à éplucher les pommes de terre en compagnie du boss de la maison… Le chat ! Celui-ci s’amuse à balancer les épluchures de patate où bon lui semble devant le regard passif de sa maîtresse. Comme la veille nous mangeons très tard, après 23h, je me sens las, sans énergie, je commence à avoir l’épaule droite endolorie. J’espère qu’il ne s’agit que de la fatigue et non d’un début de torticolis. Quant à Katalin, malheureusement, plus elle parle, et moins je la trouve intéressante. Sa fascination pour l’horoscope me dépasse, mais je suis complètement largué quand elle explique que l’intelligence se mesure aux nombres de langues parlées, c’est pour çà qu’après le hongrois, le russe et l’anglais, elle s’est mise à apprendre l’italien. Le premier exemple qui m’est venu à l’esprit quant elle a dit çà est… Nicolas Anelka ! (Ne me demandez pas pourquoi)

DSCN3274 [800x600modif]Je dors toujours aussi mal dans le lit trop petit de la fille de Katalin, et ce matin, je me retrouve totalement bloqué au niveau du cou. Comment vais-je m’en sortir avec mes deux sacs ? A l’heure actuelle, je ne rêve que d’un bain, un massage et une longue journée au lit. Mais j’avais promis à Katalin de la suivre au marché pour manger un Längos. Je monte donc dans la voiture, où elle conduit de façon très agressive, ce qui n’arrange absolument pas mon mal de cou. Depuis la vitre, j’aperçois toujours ces jeunes hongrois faire leur musculation dans la rue en plein cagnard. Le soleil a vraiment dû leur brûler la cervelle. Sur la route, nous faisons une halte à la pharmacie, j’achète l’équivalent hongrois du voltarène, plus fort parait il, pourvu que ça me guérisse rapidement. Nous arrivons au marché, nous nous dirigeons directement vers le stand de Längos. C’est un beignet frit et salé, il est plat avec un trou au milieu, et chacun est libre de rajouter, de l’ail écrasé, de la crème aigre (les hongrois en raffolent), du fromage ou encore du jambon.

La pommade commence à faire effet, un espoir pour le weekend… Il est l’heure de quitter Katalin qui me dépose devant l’église pour retrouver Andrea, ma nouvelle hôte pour le weekend. Nous nous sommes mis d’accord, elle arrivera en vélo, seule devant l’église. Une fille qui ne lui ressemble pas du tout attend sur un vélo au milieu de la place. Je me dirige vers elle, en pensant que les photos peuvent être trompeuses :

- Andréa ?

- Oui ! Comment connais-tu mon prénom ?

- Couchsurfing. Je suis Kévin.

- Je ne connais pas de Kévin.

Puis elle s’en va, affolée, le regard totalement paniqué, elle s’est sentie surveillée. Quelques secondes plus tard, arrive la véritable Andréa, celle qu’on surnomme Andi et qui ressemble à celle que j’avais vue sur couchsurfing. Je lui raconte le joli quiproquo qui fait qu’avant même d’avoir commencé notre rencontre restera inoubliable.

DSCN3281 [800x600modif]Comme prévu, je vais voir Andi s’entrainer. Elle fait de la danse folklorique hongroise. Nous y allons en vélo. Que çà fait du bien de pédaler un peu, il y a tellement longtemps que je n’étais pas remonté en selle (y compris sur un vélov’ lyonnais). L’air frais que procure la vitesse, toute relative, sur mes joues et mon cou me donne la sensation d’une liberté retrouvée. Pour quelques instants j’en oublie les douleurs à mon épaule droite.

Je suis surpris par l’intensité physique de l’échauffement des danseurs de folk. Après avoir couru pendant plus d’une demi heure, les filles s’attardent à entretenir leur souplesse avec une facilité déconcertante pour certaines quand il s’agit de faire des grands écarts, les hommes font des sauts de cabris en tordant leur jambes dans tous les sens. Tous commencent à répéter leur gammes avant le show du lendemain, il y a encore de nombreuses choses perfectibles, ils ne semblent pas être prêts pour le spectacle. Malgré la répétition sans cesse des mouvements ratés, la fatigue qui commence à se percevoir sur le visage des hommes, je suis marqué par le plaisir qu’ils prennent à danser. Cette joie qui les anime transparait à chaque succès, à chaque jeu de jambes réussi à une vitesse hallucinante. Je suis bluffé et impatient de voir le spectacle avec les costumes traditionnels.

A la fin de l’entrainement d’Andi, nous rejoignons le centre ville pour retrouver ses amis à une terrasse. Ils sont aussi sympathiques et marrants que mon hôte. Ainsi nous décidons de cuisiner tous ensemble un goulash le lendemain.

DSCN3285 [800x600modif]Réveillé par le chant du coq et les oiseaux, mon épaule se rappelle à mon bon souvenir. J’ai certainement trop forcé la veille avec le vélo et le port des sacs, alors que je commençais à peine à calmer la douleur grâce à la pommade. Avec Andi, nous enfourchons les bicyclettes pour acheter la nourriture, et notamment cet incroyable bacon fumé. Comme un chien de Pavlov, pour faire saliver mes papilles, il me suffit de repenser ou de revoir la photo de ce morceau de viande. Et cette odeur, qui parfume la cuisine pendant que nous préparons le repas avec Andi, Ester, Peter et Bolash (pas sur que çà s’écrive ainsi, mais comme il est de coutume de dire qu’il n’y a pas de faute pour les prénoms, j’en profite). Je passe un excellent moment, même si je suis surpris de voir qu’il parle toujours de la grande Hongrie, celle qui avec l’Autriche dominait l’Europe. D’ailleurs il me corrige systématiquement quand je dis que je vais ensuite en Roumanie, non, pour eux je vais en Transylvanie et la nuance est de taille.

Cet après-midi je suis l’équipe de danseur d’Andi, je vais la voir danser sur scène à Hajduszoboszlo. Il est d’ailleurs intéressant de constater la longue préparation des filles pour s’habiller et se coiffer. Les tenues traditionnelles ne sont pas faciles à porter, ni à laver (parait il), c’est pourquoi elles ne sont de sortie que pour les spectacles. Pendant ce temps, des musiciens répètent leurs gammes, car ce soir ils accompagneront les danseurs en live. La joyeuse équipe, déjà très concentrée, monte dans le car. On se croirait dans le bus d’un club de football professionnel en direction du stade, le silence est de rigueur, les derniers chignons sont fignolés. Pendant les derniers préparatifs dans les coulisses, je m’en vais découvrir la ville d’Hajduszoboszlo. Il s’agit d’une toute petite ville touristique de Hongrie, réputée pour ses thermes, la population quadruple en pleine saison. Elle ressemble à s’y méprendre à nos villes balnéaires de la méditerranée, mais… sans la mer ! Comme chaque année, l’équipe d’Andi vient danser ici, à l’occasion du festival de folk traditionnel.

DSCN3329 [800x600modif]Je prends place dans les tribunes, pour le début du show. Le spectacle est très sympa, les doutes de la veille ont complètement disparu, chacun sait ce qu’il a à faire, et le fait très bien. Pour résumer de façon simple le folk hongrois, je dirai que les hommes essayent de séduire des filles aux tenues douteuses, en utilisant un jeu de jambes aussi ridicule qu’impressionnant. C’est une sorte de danse du paon, qui navigue entre le chant du coq et le gorille qui se frappe pour montrer sa virilité. En tout cas le public semble réellement apprécier la performance, et de nombreuses salves d’applaudissement se font entendre pendant le show. Une fois fini, nous repartons dans le bus, et je finis la soirée avec Andi et une de ses amies à discuter sur la même terrasse que la veille dans le centre de Debrecen. Elle me donne à résoudre quelques énigmes dont je suis incapable de trouver la solution sans ses indices. Je passe une excellente soirée où je trouve Andrea particulièrement intelligente, observatrice et psychologique. Nous riions beaucoup à propos de notre vision assez semblable d’imaginer la vie.

DSCN3376 [800x600modif]Pour mon dernier jour en Hongrie, nous échangeons quelques films, beaucoup de musique avant d’aller se promener en vélo dans la « grande forêt ». Sur la route, nous faisons un stop dans le stade de Debrecen, je m’en rappelle très bien, car il fut une époque ou le club de l’olympique lyonnais était un ogre en ligue des champions, et il était venu s’imposer facilement ici. Comme quoi les temps changent…

Je suis ravi de partager mes derniers moments en Hongrie avec Andi car elle est d’une nature curieuse et s’intéresse à tout, de plus son anglais est parfait, ce qui permet de faire progresser le mien. Nous finissons comme des enfants par dessiner quelque chose chacun notre tour sur une feuille pour voir ce que l’ensemble peut donner. Le résultat n’est pas très probant, mais il est l’heure pour moi d’aller prendre le train en direction de Brasov en Roumanie. Après un dernier salut sur le quai de la gare, le soleil se couche et le train s’en va…

// Des trois villes que j’ai eu le plaisir de découvrir en Hongrie, je n’oublierai pas la beauté de Budapest, le charme d’Eger, l’hospitalité et le paprika des habitants de Debrecen. Assis dans le train, je prends conscience que la Hongrie est le premier pays de mon voyage qui ne possède ni mer, ni océan… La raison de sa chaleur étouffante ?

Debrecen:

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Mercredi, août 21st, 2013
Filed under:
Hongrie.
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4 Comments to “Danse à Debrecen avec Couchsurfing !”

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@L’americain: Hello man! çà fait plaisir de te lire. Pour le dessin, tu dis çà parce que tu me connais bien… ;-)
Malheureusement je ne danse toujours pas, enfin sauf sur les tonneaux de vins quand tu m’accompagnes ! Et faut croire que tu as raison, excellent pour mon cou, depuis plus aucune douleur. :-P
A très bientôt, et profites de ton retour en France pour moi.

août 25th, 2013
Kassé

Hey Kevin, Howare you? I just want to say about the draw that we know who wrote in blue and who in green! Even if you didn’t sign!
I would have like to see you dancing… Haha. I heard it’s good for your neck!
Enjoy!!!

août 25th, 2013
L'americain

@angel : C’est à dire que le vin hors de nos frontières, n’est vraiment pas la priorité des locaux.
En Allemagne, de la bière, encore de la bière, toujours de la bière…
En Pologne, il m’était interdit de boire autre chose que de la bière et de la… Vodka! (la seule fois où j’ai bu du vin rouge, j’ai cru boire du jus de raison, pas un grand souvenir…)
En Hongrie, il s’agit du seul pays, que j’ai traversé avec une culture du vin, et notamment du vin rouge à Eger. (voir l’article Egri Bikaver) Mais pas aussi bon que je ne l’espérai, les vins sont très doux.
En Roumanie, je dois dire qu’à chaque fois on me proposait la fameuse Palinka qu’il partage avec leur voisin hongrois. J’ai eu l’opportunité de boire une fois un très bon verre de rouge dans un restaurant spécialisé en viande de bœuf, mais le vin venait de France!
Et maintenant, en Turquie, je n’ai encore pas vu un seul local boire du vin (seulement les touristes). Les locaux tournent au thé ou Raki même pendant le repas… Alors je n’ai pas osé tester le vin. On verra quand Marjo sera là ;-)

août 22nd, 2013
Kassé

et le vin dans tous ca ???

août 22nd, 2013
angel
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