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De Transylvanie… en Roumanie !

// A Püspökladany (Je ne sais pas pour vous, mais moi, quand je posséderai ma ville, je la nommerai : Püspökladany !), je tente à prouver que j’apprends de mes erreurs passées. J’utilise mes derniers Forints avant de passer la frontière pour acheter quelques bières, car la nuit dans le train s’annonce longue… très longue…

J’offre un sourire et les quelques pièces qui restent à la caissière incrédule, je suis sur qu’elle n’en revient toujours pas. Elle met du temps avant de les accepter. Elle souhaite que je les conserve en mémoire de la Hongrie, mais ce qu’elle ne sait pas, c’est que j’en ai plein la tête des souvenirs hongrois.

DSCN3382 [800x600modif]Je repère ma place dans le train, je pose mon sac de voyage, sors mon sac de nourritures et de boissons. Je m’assois, avant de réaliser que la personne âgée en face de moi, maigre comme une cure dent, possède un sac de provisions deux fois plus gros que le mien. Pas possible ? Il ne va pas manger tout çà, où alors çà veut peut être dire que la nuit va être interminable… Le train n’a encore pas démarré que j’appréhende déjà !

Fausse alerte, l’ancien descend à la station suivante. En parlant de descente, celle de la police des frontières hongroises est musclée. Contrôle d’identité, regard dans les yeux, contrôle à deux fois du passeport, pas le droit de sourire, mais sérieusement qui a envie de jouer au clandestin en… Roumanie ?!

Entre deux bières, au milieu d’un chapitre de « Purge » (rarement vu un livre porter aussi bien son nom) de Sofi Oksanen, j’enlève ma chemise pour passer un peu de pommade sur mon épaule toujours douloureuse. Pas eu le temps de finir qu’une fille vient s’asseoir en face de moi. Je ne savais pas que j’avais un corps d’apollon (Le tout sans mettre d’Axe). Je lui demande si elle peut surveiller mes affaires le temps que je m’allège. De retour, elle m’annonce que tout est là, sauf le livre qu’elle m’a volé. Là-dessus la conversation s’engage…

- Tous les roumains sont donc des voleurs ?

- Je n’en sais rien, moi, je suis hongroise !

- Et que fais tu dans un train pour la Roumanie ?

- Je rentre d’un festival d’écrivain, et j’habite à Cluj. En TRANSYLVANIE !!!

La conversation fait défiler les heures à une vitesse que le train n’atteindra jamais ! Pendant l’été, Maria vends des livres dans la rue de Cluj pour financer ses études de littératures le restant de l’année. J’apprendrai également qu’il existe de nombreux petits villages en Transylvanie, où la population est composée exclusivement d’hongrois, personne n’y parle roumain, alors je devrai être plus attentif aux mots que j’utilise. Une heure du matin, le train siffle, elle descend, nous sommes à Cluj-Napoca… Elle me dit qu’on se reverra, je regarde les étoiles, la nuit est tellement sombre que moi je ne la crois pas.

DSCN3403 [800x600modif]Malgré les bières, j’ai du mal à trouver le sommeil dans ce train de fortune. J’en profite pour errer dans ma tête et me rendre compte que j’ai toujours la flamme pour ce voyage, la preuve… une cloque pas très jolie à voir vient d’éclore sur mon majeur !

Au petit matin, je vagabonde entre la gare et l’hôtel, il fait chaud sur Brasov, mais l’air est beaucoup plus respirable qu’en Hongrie. Le fameux air de la Montagne ? Regarde là haut ! Il y a des sapins, un remonte-pente ! Sans même m’en rendre compte, j’aime déjà cette ville, je me sens à la maison. Et faut bien l’avouer, je peux faire le tour de la terre, mes habitudes seront toujours sur mon lit au milieu des sapins jurassiens.

RSCN3407 [800x600modif]Même au cœur de la forêt je suis obligé de retirer un peu de cash, capitaliste oblige comme le chante certain. Les billets roumains sont psychédéliques, plastifiés, avec des zones de transparences. Je m’imagine plus jouer au Monopoly que d’acheter… acheter quoi, d’ailleurs ? Que puis-je bien trouver en Roumanie ? Je passe la journée avec le contact que m’avait donné Leila, il s’agit d’Alina, une chef d’entreprise qui parle très bien français. L’argent retiré ne me servira à rien, elle paye absolument tout. J’ai l’impression d’être un gigolo. Elle m’emmène découvrir les charmes de la ville… l’église orthodoxe, la montagne où nous montons à plus de 1750 mètres (en cabine). Elle m’invitera le soir dans un restaurant qui élève ses bestiaux, un vrai délice de goûter cette viande roumaine. Même si la Palinka traditionnelle en entrée de repas passe plus difficilement qu’en Hongrie, je bois enfin un verre de vin rouge qui tient la route… Il vient de France !

Je quitte Alina pour retrouver un bon lit à l’auberge, suite à ma nuit blanche de la veille je tombe comme une masse. Mais la nuit est agitée, je transpire, je tourne, je souffre de milles maux, et tous ces regards qui m’observent dans le rideau de la chambre ! Je ne peux pas m’enfuir en mettant de la musique, comme dans ma chambre dortanaise… Et dire que mes camarades de chambrée dorment à poing fermé. Je les jalouse, pour quelques instants seulement, car le vent frais de la montagne vient bercer mes paupières pour les apaiser !

DSCN3416 [800x600modif]Je m’aventure dans les rues de Brasov et ses parcs en espérant croiser des ours. Paraît-il qu’il y en a plein la région, mais à part dans ma bière, l’Ursus, je n’en rencontre pas. Je n’arrive toujours pas à m’habituer à ne sortir uniquement des billets pour payer. Les pièces sont très rares ici, car il y existe un billet de 1 LEI, soit environ 20 centimes d’euros.

Pour profiter de ce retour aux sources, je m’engage dans un petit footing solitaire au pied de la montagne Hollywoodienne de la ville. Je retrouve également des habitudes que j’avais perdu en Pologne et en Hongrie, à savoir regarder les panneaux publicitaires. En effet la langue roumaine ressemble à s’y méprendre à l’italien. Avec un peu de français, il est assez facile de reconnaître le sens des affiches (surtout quand elles sont associées à une image) ou des menus dans les restaurants.

Je passe ma soirée sur internet avec Yann afin d’organiser mon arrivée à Pitesti, ville industrielle dans laquelle il travaille pour Dacia. Il est en déplacement professionnel, et ne peut m’accueillir que le jeudi soir avant de repartir en France le lendemain pour profiter de ses vacances. Pas de soucis, je trouve Lucia qui est prête à m’héberger à la veille de ma rencontre avec Yann.

DSCN3540 [800x600modif]Je mange sur le pouce quelques fruits et une saucisse pas très cuite dans la gare obsolète de Brasov avant de prendre un mini bus pour Pitesti. Il n’est pas facile de savoir quel bus je dois prendre, personne ne parle anglais, de plus entre les mendiants et les vendeurs de parfums, je me méfie un peu des arnaqueurs. Mais comme toujours jusqu’à présent je finis par arriver à mes fins. Ce trajet m’emmène dans un autre monde, sur la route de la campagne roumaine, nous croisons plus de faméliques chevaux tirant une charrette et son paysan que de voitures. Je passe également devant le château de Dracula ! Comment l’ai-je reconnu ? Au milieu de nulle part, il y a tellement de vampires qui sortent de leurs cercueils, pour boire du sang de touriste qu’il est impossible de se tromper. Conseils aux futurs voyageurs, si vous ne souhaitez pas donner votre cou à croquer, pas de problème, ils acceptent également les LEI.

Je n’arrive pas à décrocher mon regard de la fenêtre du bus, je suis fasciné par la campagne roumaine. Pendant que des jeunes refont le charpente d’une maison, les anciens restent assis devant le perron de leur pauvre petite habitation à regarder les quelques voitures qui passent. Quand aux autres, ils bêchent au bord de la route, transportent des charrettes d’une autre époque, le tout dans une lenteur hors du temps moderne.

DSCN3576 [800x600modif]A la gare, Lucia m’attend toute souriante, elle est très organisée, elle a déjà réservé un taxi qu’elle voudra absolument payer pour arriver chez elle. Est-ce normal que toutes les femmes de Roumanie ne veulent rien me laisser régler ? Lucia est très mignonne, mais surtout extrêmement souriante. Nous passons la soirée à rigoler, à manger du bœuf blanc (désolé d’être ésotérique mais les initiés comprendront), parler littérature et de sa vie future. Lucia est dentiste et espère pouvoir venir travailler en France d’ici la fin de l’année. Nous mettons en place notre propre langage, elle parle en français, je réponds en anglais. Elle finit par aller dormir chez sa voisine, pour ne pas me déranger le lendemain matin quand elle partira au travail. Je n’aurai qu’à mettre les clés dans la boite aux lettres quand je m’en irai retrouver Yann. Cette confiance aveugle m’impressionne, et moi je profite de ce bel appartement pour moi, afin de me détendre et mettre de la musique…

Au petit déjeuner, sur les conseils de Lucia, je teste le gâteau fait par sa maman. Un délice qui me cale pour de longues heures. Je l’accompagne d’un thé sans sucre… Je n’ai pas réussi à mettre la main dessus dans cet appartement inconnu. Je me promène dans la ville de Pitesti qui ne présente pas beaucoup d’intérêt si ce n’est la place centrale. Elle ressemble à un mini circuit automobile, avec ses bordures à damier vert et blanc, son rond point fleuri et ses virages protégés par des bancs de sécurités jaunes.

Toujours pas de nouvelle de Yann, çà commence à m’inquiéter. Je trouve une connexion internet pour voir s’il n’a pas envoyé un mail… Ah si ! Il m’attend à Unirii car à priori je ne reçois pas ses messages. Je l’appelle pour savoir où se trouve la rue en question.

- De quelle rue me parles-tu ? Il s’agit d’une place, tu ne sais pas te retrouver dans Bucarest ?

- Bucarest ?! Mais je suis à Pitesti.

- Oh Putain ! La boulette, j’ai oublié de te dire qu’on devait se retrouver à Bucarest car je pars le lendemain et je ne repasse pas par Pitesti.

Quand deux ingénieurs s’organisent, çà prend du temps, mais on n’est jamais à l’abri d’une erreur monumentale. Je ne verrai donc pas Yann, qui me conseille néanmoins de faire mon visa Chinois à Bucarest plutôt qu’en Turquie, la vie y est moins chère.

DSCN3551 [800x600modif]Un peu embarrassé, j’appelle Lucia afin de savoir si elle peut m’héberger une nuit de plus. Et c’est toujours avec un sourire que je devine aux coins de ses lèvres qu’elle accepte. En rentrant chez elle, je tombe sur une librairie open’air bien approvisionnée. De nombreux livres de Dostoïevski, d’Huxley garnissent les rangs… Mais en référence française je ne trouve que le malheureux Houellebecq. Dommage j’en aurai bien pris un pour Lucia en remerciement de sa gentillesse. Nick Cave… La mort de Bunny Munro en Roumain ! Parfait, voilà celui qu’il me faut, nous avons tellement parlé de mon expérience au festival et de la perte de mon chapeau, qu’elle voulait m’offrir le sien à fleur. J’embarque le livre en me délectant d’avance du moment où la très « prude » et religieuse Lucia s’aventurera dans les âmes tortueuses des personnages de Nick Cave.

Je suis surpris de voir à quel point la religion (principalement orthodoxe en Roumanie) semble importante dans ce pays, même si les contrastes me choquent parfois, comme dans ce bus, où une femme aux énormes lunettes de soleil Dior, le dernier portable de Samsung, fais de nombreux signes de croix tout en téléphonant.

J’ai la mauvaise surprise de voir qu’il y a un bug sur mon site internet, que je n’arrive pas à corriger, mais ceci ne m’empêchera pas de passer une agréable soirée en terrasse avec mon « andalouse roumaine » comme j’aime à l’appeler. Nous parlons notamment de religion, et me dit qu’elle vient toutes les années en France pour participer à l’organisation de Taizé. J’en apprends un peu sur ce mouvement religieux, qui semble principalement destiné aux jeunes. Il est ouvert à tous, elle a déjà rencontré un musulman dans cette organisation catholique. Malgré son invitation, je doute que j’y mette un jour les pieds…

Elle organise mon départ vers Bucarest pour le lendemain, réservation du taxi, conseille sur le mini bus à prendre, et me promet de m’envoyer un mail avec une longue liste des choses à faire sur place. Elle est le symbole de l’organisation et de la gentillesse, j’espère qu’on se reverra… En France ?

// Ce début de séjour en Roumanie s’annonce sous les meilleurs hospices, de belles rencontres, une sensation de retour à la maison. Je suis revigoré, prêt à affronter le tumulte bucarestois et la frigidité de l’administration chinoise…

Brasov:

Pitesti:

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Dimanche, août 25th, 2013
Filed under:
Roumanie.
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4 Comments to “De Transylvanie… en Roumanie !”

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François et Renée: Merci pour ce petit mot qui me fait extrêmement plaisir. Je pense très fort à vous, notamment quand je me suis baladé dans les forêts de sapin en Roumanie ! Papy, Mamie, Je vous embrasse ! A bientôt.
PS: Le couteau me sert souvent, merci ;-)

septembre 6th, 2013
Kassé

de passage à Dortan pour la journée, nous avons vu les belles photos et parcouru ton site. Nous sommes heureux de voir que tu vas bien. Nous pensons souvent à toi. Tu nous manque beaucoup avec l’espoir que ton voyage se poursuivra toujours aussi bien. Nous t’embrassons bien fort . Papy François et Mamie renée

septembre 5th, 2013
François et Renée

Fátima et Justino: Coucou! Moi aussi vous me manquez, ainsi que le Portugal, mais je ne manque pas de soleil. Il fait très chaud en Turquie mais tout se passe très bien. Je m’en vais bientôt en Asie (11 septembre). Je vous embrasse très fort, et à bientôt. Votre petit fils.

septembre 4th, 2013
Kassé

Bonjour Kévin! Je suis très heureux de voir vos nouvelles, mais je manque vraiment de vous. Mamie et papy sont bien. Ya beaucoup de soleil au Portugal.
Bisous de papy et mamie

septembre 1st, 2013
Fátima et Justino
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