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Un ersatz de chinoiserie !

// Avachi dans le fond d’un bus local, je pars pour l’ersatz d’un pays qui a refusé de m’ouvrir ses portes : la Chine. Je repense aux joies de ma rencontre avec Iuliana devant l’ambassade chinoise de Bucarest ou mes incessants « aller/retour » entre les consulats français et chinois d’Istanbul pour me voir refuser une énième fois le sésame pour le pays de Mao. Pendant que mon esprit vagabonde dans ses souvenirs, le bus file vers Mae Salong, ville chinoise au nord de la Thaïlande…

-« Hey toi le blanc bec ! C’est ici que tu descends ! »

DSC00959 [800x600modif]Le chauffeur ne m’a peut être pas traité de « blanc bec », mais avant même de comprendre ce qui se passait, les passagers m’avaient jeté dehors avec mes affaires. J’aurai toujours du mal avec cette hospitalité très particulière du peuple thaïlandais pour qui le temps est vraiment de l’argent… A la recherche de quelques explications, je découvre que je suis à Mae Chan, escale obligatoire pour rejoindre Mae Salong, la ville surplombant les collines verdoyantes.

Néanmoins je peux m’estimer chanceux, j’attendrai seulement une demi-heure que le sangtéo (taxi) soit plein, contrairement à un jeune américain et un moine qui auront tué le temps pendant plus de deux heures sur le bord d’une route déserte. Le chemin vers les sommets est sublime. Dans la remorque sans protection de la voiture, le froid se fait sentir à mesure que nous grimpons, mais les plantations de thé, les villages et aux autres paysages à couper le souffle me font languir d’être le lendemain pour en profiter au vent de la liberté qu’offre le scooter.

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Pendant qu’il reste un peu de lumière et que nos mains ne sont pas encore givrées par la fraicheur du pays, nous en profitons pour faire un tour de village. Pas après pas, je sens l’odeur de la Thaïlande s’éloigner, je ne saurai l’expliquer mais c’est avec plaisir que j’accueille cette étrange sensation qui s’empare de moi. Un avant gout de la suite du voyage ?!

Ici, personne ne parle anglais, notre vieillard solitaire bravant le froid devant sa télévision est loin d’être un cas isolé. Toutes les familles possédant un petit écran sont branchées sur une chaine chinoise, les portes de la maison grandes ouvertes pour montrer le précieux trésor au passant. Pour regarder la télé à Mae Salong, il faut être équipé contre le froid. Je me demande où peut se trouver le plaisir, si ce n’est dans la fierté d’exposer la réussite financière de la famille : elle possède une boite à image ! Est-ce donc cela la Chine moderne ? Je ne sais pas si c’est le fait d’entendre le mandarin à chaque coin de rue ou l’inhospitalité des habitants qui me fait croire que je suis en Chine. En tout cas, c’est un joli pied de nez aux autorités, je n’ai pas eu besoin de visa pour avoir un gout de l’empire du milieu. Cette expérience, ne fait malheureusement pas grandir mes regrets…

DSC00959 [800x600modif]En ce dimanche soir, il y a une parade des tribus alentours pour clore le festival du thé. (Je comprends l’affluence dans les auberges de la ville). Toutes les tribus locales, dans leurs costumes traditionnels sont là, et çà ne fait que renforcer mon excitation pour demain. Vivement que nous quittions cette place pleine de touristes pour rendre visites dans le calme au villageois. A 20h au cœur de décembre, dans les hauteurs de la Thaïlande Mae Salong s’éteint et du bout de ses doigts givrés, le ciel enfile son gant de fer pour écraser méthodiquement nos visages bleuis par la force tranquille de l’hiver…

Il ne me reste plus qu’à retourner dans la chambre rédiger quelques lignes de joies sur mon carnet de voyage devant un mur blanc cassé qui suinte à travers chaque fêlure une histoire pleine de douleur … Bonne nuit !

DSC00959 [800x600modif]La nuit ne fut pas bonne pour tout le monde, Jason mal équipé contre le froid a souffert le martyr. Dans la précipitation de la veille nous n’avions pas remarqué que la chambre n’avait pas de vitre derrière les rideaux mais une simple… moustiquaire. Pour se réchauffer, nous courons au marché (qui est vraiment rikiki) mais où les bugnes locales en guise de petit déjeuner sont des délices qui se mangent sans faim.

L’heure est venue d’enfourcher les scooters pour une ballade dans les collines environnantes. Cette insolente liberté sur les routes vallonnées m’émeut. C’est magnifique, magique et les photos ne rendent vraiment pas justice à la beauté des paysages. Jason n’a pas l’habitude mais je fais le forcing pour que nous prenions le temps de nous arrêter dans chaque village. Je ne suis pas ici pour faire défiler des champs aussi beaux soient ils à toute allure ou prendre des photos pour les exposer sur les réseaux sociaux. Non, je suis ici pour partager quelques sourires avec la population locale. De cette journée, il restera gravé dans ma mémoire des scènes cocasses et touchantes comme ces enfants qui m’apprennent à jouer avec leur toupie (suis-je dans un rêve ou la réalité ? tombe-t-elle ou continue-t-elle de tourner ?) ou ces « frère et sœur » au sourire ravageur malgré leurs dents offertes à la petite souris. Et que dire de ce papy au regard espiègle avec sa feuille de cigarette infumable mais que n’aurait pas renié Bob. D’ailleurs, est ce que cela tue de fumer des choses pareilles ? (comme les autres me direz-vous, ceci dit rien ne tue plus que de vivre…)

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DSC00959 [800x600modif]Envahi par sa timidité, Jason reste à l’écart. Il est peu à l’aise avec les personnes qui ne peuvent communiquer en anglais. Pourtant avec les enfants, il suffit de jouer et de sourire mais cela semble au-dessus de ses forces. Alors nous remontons sur nos bécanes pour reprendre la route. Les champs de thé qui sont parfois remplacés par de longues étendues où sèchent des graines de café défilent à toute allure devant nos yeux éperdus par l’infinité verdoyante et vallonné de ce pays. Nous finissons par demander notre chemin aux femmes qui récoltent du gingembre. Après quelques fous rires, le sentier qu’elles nous indiquent se trouve être sans issue. Il ne mène qu’à travers plantations où la balade en mode cross provoqua des montées d’adrénaline à chaque patinage de roue. Nous atteignons la cabane abandonnée de l’agriculteur, point d’opium dans ces champs mais à l’image de la drogue, il n’y a pas de sortie dans cette voie boueuse… plus qu’à faire demi-tour !

DSC00959 [800x600modif]Sur le chemin du retour nous traversons les villages pour touristes où les femmes portent le costume traditionnel. Les bus s’arrêtent pour laisser les gens prendre quelques photos et les filles de la montagne vous sautent au cou pour récupérer un peu d’argent en vendant des babioles sans sourire. Finalement, la Thaïlande n’est pas si loin que çà… Et moi, je suis heureux d’avoir pris le scooter et quitté les sentiers « battus » (pour en prendre des boueux sans issues) afin de tomber sur des vieilles femmes au regard inexpressif fumant la pipe mais qui refusent d’être prises en photo.

Avec cette longue journée, la soupe aussi délicieuse soit elle a du mal à nous rassasier. C’est donc avec un deuxième bol dans le ventre qu’au moment de repartir pour rendre les scooters, Jason tire tout droit… dans le mur ! Plus de peur que de mal. Cet accident le convainc de ne pas rester une nuit supplémentaire dans la fraicheur de Mae Salong. Cependant avant de partir, ils nous restent 30 minutes pour gravir les 718 marches jusqu’au temple surplombant la vallée. (Parfait pour la digestion des épices de la soupe !) Depuis là-haut la vue est sublime, contrairement au temple sans âme, mais pas le temps de s’endormir, il faut redescendre pour ne pas louper le sangtéo…

// Il est l’heure de se séparer et ces deux jours de voyage en compagnie de Jason furent des plus agréables. Pendant qu’il part vers le sud, je me rends compte qu’il fut comme un miroir. J’ai pu voir à travers lui, le chemin accompli depuis le début de mon aventure… Le bus en direction de Mae Sai, ville frontière avec la Birmanie, arrive bondé. Je suis obligé de m’assoir sur les marches d’entrée où les portes ouvertes me permettent d’apprécier le paysage qui défile sans pouvoir le distinguer… Quand l’image se floute, mon esprit s’éclaire. Le coucher de soleil divin sur les montagnes qui marquent la frontière est une image hors du temps, un havre de paix pour finir ce voyage au cœur d’une Chine qui n’en est pas une, d’une Thaïlande qui n’en est plus une, mais avec un plaisir toujours intact et renforcé à l’approche de nouvelles cultures à découvrir…

Mae Salong:

Posted on
Jeudi, février 5th, 2015
Filed under:
Thaïlande.
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