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Cracovie sous la pluie!

// Il y avait Berlin, la première étape tant attendu du voyage… Puis Cracovie ! Dans chaque ville du pays, les polonais me demandaient ce que je faisais là. Va donc à Cracovie répétaient-ils en cœur ! Krakow est aussi la ville des retrouvailles avec Marjo… Alors GO !

IMG_3070 [800x600modif]La veille de nos retrouvailles avec Marjory, après une interminable journée de bus, j’arrive dans la ville tant attendue. Ce soir, la chaleur est écrasante, dans le dortoir nous nous endormons avec les fenêtres ouvertes et le ventilateur en marche. Il est six heures du matin, je me lève pour rejoindre l’aéroport. Première surprise, est plutôt mauvaise… La pluie et le froid s’invitent dans l’avion qui amène Marjo.

Après de chaleureuses embrassades sur le quai de l’aéroport « Jean Paul II », pris par le froid nous cherchons un petit café en banlieue. Il est dix heures, sous le déluge en attendant que l’hôtel nous ouvrent ses portes, nous petit déjeunons dans bar miteux pendant que d’autres jouent déjà aux machines à sous. N’en pouvant plus d’attendre une éclaircie incertaine, nous filons à l’auberge de jeunesse pour y déposer nos affaires. Elle n’a pas changé, à peine arrivée, première soufflante dirigée contre la réceptionniste de l’hôtel. Elle avait demandé un lit double lors de la réservation de la chambre. Assis, je m’amuse à contempler ce dialogue de sourds pendant plus d’une heure… Pour une issue écrite dès les premières secondes, rien de ne changera ! Cet évènement a le mérite de me rassurer, on ne va pas s’ennuyer pendant dix jours !

Suites aux grands vents, les nuages se sont enfuis, et le soleil fait une timide apparition. Nous profitons de ces quelques rayons de lumières pour aller découvrir la ville. La bonne nouvelle est que Cracovie est une petite ville qui se visite facilement à pied, la mauvaise est notre impression commune. Il n’y a rien d’extraordinaire, même la beauté des bâtiments est discutable… Mettons çà sur le compte de la fatigue d’une journée commencée trop tôt et forte en émotion. Laissons une seconde chance à la ville. Nous remettrons çà demain après une bonne nuit de sommeil dans deux lits accolés avec une mousse au milieu. (Encore et toujours le système D polonais !)

Nous décidons de passer la matinée à régler les affaires les plus contraignantes du voyage, réservation du bus pour Auschwitz, du train pour rejoindre Budapest et de finaliser le programme de ces neufs jours ensemble. Première décision, devant le peu de temps que nous avons, nous supprimons Bratislava et la Slovaquie du planning.

IMG_3109 [800x600modif]Aujourd’hui il fait froid, quinze degrés maximum, çà me change des derniers jours au soleil du nord de la Pologne. Mais le ciel gris semble tenir, et nous vagabondons dans les rues de la ville. Nous nous amusons à savoir de quel côté de la place nous allons arriver après avoir tournés en rond dans les jardins qu’ils l’entourent. Lassé du centre ville et sa grande place à touriste, nous nous dirigeons vers le quartier juif de Cracovie. Dans le cœur de ses ruelles, l’atmosphère s’alourdit, le tonnerre gronde, les orages d’une rare violence éclatent ! Nous courons nous réfugier sous le petit perron d’une maison trop petite pour protéger nos pieds. Trempés, nous finissons par nous réfugier dans  la librairie juive de la ville. Assis devant les bouquins en français, la musique me prend aux tripes, le cœur lourd je pourrai rester là pendant des heures à contempler cette misère. Un avant gout de la visite d’Auschwitz ?

IMG_3195 [800x600modif]Malgré ces péripéties nous sommes forcés de reconnaître que le sentiment de la veille se confirme, la ville nous laisse sur notre faim… Alors sur les conseils de la réceptionniste de l’hôtel nous filons nous réchauffer dans un restaurant étudiant. En entrée, nous mangeons la soupe traditionnelle de Pologne (excellente… Mon plaisir indescriptible pour une soupe un douze juillet est également à mettre sur le compte du voyage !). Nous partons le ventre plein et le porte monnaie aussi. Les serveurs ont oubliés de nous faire payer lors de notre commande. Ce qui est plutôt drôle tant le prix du menu est dérisoire, environ 3,5 euros. Nous reviendrons !

Cette nuit est difficile, je suis agité, l’atmosphère de Cracovie ne m’annonce rien de bon pour la journée qui arrive. Je me demande si… La tristesse n’est pas devenue la mélancolie du pauvre ? Quant ceux qui n’ont besoin de rien se prennent de nostalgie pour un monde qui n’existe plus, ceux qui ont besoin de tout se prosternent le regard triste à côté de leurs rêves disparus. Comment vais-je oublier le visage de cette vieille assise au pied d’un pont désert, un soir d’été glacial, à côté des fleurs fanées de son jardin ?

IMG_3180 [800x600modif]Je suis fatigué, le regard embrumé, sur les conseils de tout bord, je demande à Marjory de m’accompagner pour visiter les mines de sels de Wieliczka. Pas très emballée, elle me suit avec le sourire malgré le froid annoncé dans les profondeurs de la mine. Un peu surpris par le monde qui fait la queue pour un ticket, et par une organisation à la Walt Disney, je me dis que malgré un tarif exorbitant pour la Pologne (plus de 25 euros), çà doit vraiment valoir le coup. La déception est à la hauteur de mes espérances dans cette visite. Dans un groupe d’une cinquante de français, quand je vois le comportement de certains à gueuler des inepties plus fort que la précédente pour être sur d’avoir bien été entendu, j’ai parfois honte d’être leur compatriote… La première partie de la visite nous fait descendre dans les profondeurs de la mine, où sont taillées de jolies statues en sel, pour nous amener dans la chambre majestueuse où tout est fait de sel. Je ne suis pas plus touché que Marjo par ce qui ressemble à une escroquerie. Mais nous participons quand même à la deuxième partie du parcours à plus de cent mètres sous la terre de Wieliczka. Dans un groupe plus restreint, la visite est un peu plus intéressante pour moi, car plus axé sur la technique et les conditions de travail dans la mine. Le moment, le plus fort de la visite est finalement la remonté à la surface dans un ascenseur minuscule, attention les claustro… Malheureusement à l’extérieur rien n’a changé, il pleut toujours et il fait encore plus froid que dans la mine, ce qui n’arrange rien à notre ressenti négatif de la visite. Je trouve qu’il n’y pas de quoi en faire tout un fromage, et d’ailleurs s’il y a bien quelque chose qui n’a pas changé pendant le voyage, je ne mange toujours pas de fromage !

Si on m’avait dit qu’il n’y aurait rien de mieux qu’un bon chocolat chaud, en fin d’après midi un treize juillet pour remonter le moral des troupes, j’aurai eu du mal à le croire. Et pourtant…

Regonflés à bloc en ce jour de fête nationale, nous nous engageons dans une journée difficile avec la visite du camp de concentration d’Auschwitz I et du camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau II. Il m’est difficile d’écrire sur notre expérience, çà peut passer pour de la fainéantise mais je crois qu’il n’y a pas de mot assez fort pour décrire ce que j’ai pu ressentir. Je n’ai rien de juif, sauf peut être mon nez, mais je crois qu’il faut faire cette visite qui ne peut laisser personne de marbre.

IMG_3204 [800x600modif]Du premier camp, celui de concentration, là où les gens étaient enfermés pour des expériences inhumaines, pour travailler, pour mourir de faim, je reste sans commentaire, mais je retiendrai que le diable se cache dans les détails. La mort est partout, la vie absente, l’efficacité de la visite est de nous faire ressentir le processus qui animait les nazis dans ce camp. Des portraits de juifs, tous identiques, rasés, nous passons à un amas de lunettes, puis de chaussures d’enfants, les chiffres sont moins frappants que les images, une montagne de cheveux se dresse face à nous, l’organisation, l’industrialisation prend forme… il n’est plus question d’individus, la dépersonnalisation est à son paroxysme, avec pour seule issue : la MORT !

Et dire que la plupart de ces gens sont venus en payant leurs billets de train, avec leurs affaires pour reconstruire leur vie. Inimaginable de nos jours et pourtant triste réalité illustrée dans ces nombreuses lettres de convocation affichées sur les murs du camp.

IMG_3248 [800x600modif]Le camp d’extermination d’Auschwitz Birkenau II, m’offrira un sentiment nouveau, un mélange de honte, de haine, de rage et de… fascination ! Il y a dans ce champ d’horreur, une organisation qui confine au génie ! L’usine pourrait être un « chef d’œuvre » si son but ultime n’était pas monstrueux. Au milieu de l’atmosphère pesante de ces millions de morts, il n’y a aucune trace ! Seul, chacun avec sa conscience, repense aux paroles de notre guide. Elle est excellente, elle n’en fait pas trop, ni trop peu. Elle sait trouver les mots justes, non pas pour nous donner des réponses, mais pour nous laisser mûrir nos questions… Qui est responsable ? Qui est coupable ? Qui est innocent ? De quoi devons-nous prendre conscience au milieu de ces ruines ? Que devons-nous retenir de cette tragédie ? Même si je n’ai pas vécu cette période, ces doutes me poursuivront encore longtemps. Et j’en suis certain, ils m’aideront à grandir en tant qu’homme.

Je finirai mon paragraphe sur mon expérience d’Auschwitz, par les mots inscrits sur la stèle du souvenir : « Que ce lieu où les nazis ont assassiné un million et demi d’hommes, de femmes et d’enfants en majorité des juifs de divers pays d’Europe, soit à jamais pour l’humanité un cri de désespoir et un avertissement. »

IMG_3258 [800x600modif]Sur le trajet du retour à Cracovie, pendant plus d’une heure, debout dans un bus bondé, mes nerfs sont à vifs, mes émotions à fleur de peau, mes mots dépassent mes pensées, ma tête brûle de tout feu… Et même si çà peut paraître mal venu après l’expérience des fours crématoires, préparer des saucisses au barbecue avec un petit verre de rouge me fera le plus grand bien. Je ne suis pas prêt d’oublier ce 14 juillet 2013 ! Bonne fête et que les feus éclatent !

Ce lundi est mon dernier jour en Pologne, et comme tous les lundis avec Marjory nous sommes malchanceux, ou plutôt maladroit. La pluie continue de tomber mais nous décidons de faire quelques magasins en quête de souvenirs, puis de visiter le musée sur la liste de Schindler. Un des seuls musée ouvert le lundi et il est gratuit de surcroît. Après avoir dévoré la zapiekanka (sorte de demi baguette avec pour base du champignon et du fromage) nous continuons de découvrir le déplorable sens du commerce des polonais. Assis derrière leur comptoir, ils ignorent les clients, jusqu’à ce que ces derniers les interpellent, drôle de manière d’inciter à l’achat. Quelques cadeaux typiquement polonais en poche, nous voilà en route pour le musée, nous avons la mauvaise surprise de découvrir, qu’il est gratuit le lundi, mais qu’il ferme très tôt et qu’il n’y a plus aucune place disponible après midi. Ah les fameux lundis à l’étranger, ils se suivent et se ressemblent… Belem… Torun… et Cracovie !

Je finis mon séjour en Pologne sur une ultime maladresse. Mon stylo donnant des signes de fatigue, je suis à la recherche d’une mine pour le remplacer. Je trouve une papeterie où je payerai une mine Parker trois fois le prix qu’elle vaut dans le supermarché situé cinquante mètres plus loin… Précipitation quand tu nous tiens ! M’enfin à ce prix là j’espère qu’il me donnera des idées, et des bonnes ! En attendant je le range dans mon sac, comme toutes mes affaires, nous sommes prêts pour découvrir la Hongrie.

 // La belle polonaise n’a pas su faire illusion, Cracovie sous la pluie n’est pas aussi jolie qu’on le dit ! Alors comme des manouches, nous étendons nos chaussettes dans le train qui nous mènent à Budapest !

Cracovie:


Les mines de sels de Wieliczkal:


Auschwitz:

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Jeudi, juillet 25th, 2013
Filed under:
Pologne.
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8 Comments to “Cracovie sous la pluie!”

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@maxime: Salut Max’!

Comment vas tu?
En tout cas, tu vas avoir le temps de suivre la fin du périple maintenant que tu as trouvé le lien. Je suis rentré, il y a peu mais je vais continuer à écrire sur cette expérience incroyable.

A bientôt et merci. ;-)

juin 5th, 2014
Kassé

Salut Kévin,

je ne viens que très tardivement j’en suis dsl. Ça a l’air d’être fou ce que tu fais. Excellent. Bravo.

juin 4th, 2014
maxime

@carlos: Coucou! Merci pour votre petit mot. Je pense fort à vous. Je suis actuellement en Roumanie, où la chaleur est bien présente également. Mais j’ai fini par m’y habituer! ;-)
Bisous et à bientôt.

août 8th, 2013
Kassé

Salut, ta mamie et papi t’envoie de gros bisous. Nous pensons bien a toi, ici a caxinas fais chaud. Bisous; Carlos

août 7th, 2013
carlos

@Didier: J’avais conscience que tout ne serait pas « beau » durant le voyage. C’est aussi ce que je venais chercher, mais quand on y est réellement confronté, c’est encore autre chose… En tout cas je ne manque pas d’énergie ces temps, et il m’en faut sous la chaleur écrasante de Debrecen!
Bises.

juillet 26th, 2013
Kassé

@L american: Rappelle toi! déjà en France, je te répondais qu’en français, aucune raison que çà change! ;-) Même si je dois bien l’avouer, je pense que maintenant c’est toi qui serait plus en mesure de me donner des cours d’anglais… Et çà ne me ferait pas de mal!
See you man!

juillet 26th, 2013
Kassé

Effectivement, il n’y à pas que du beau dans le monde. Mais au moins tu auras vu le monde, c’est ce qui compte.
Si toutes ces horreurs ne te quittent plus c’est qu’il faut veiller à être temoin et pourquoi pas lanceur d’alertes car la bête n’est pas morte.
Recharge tes batteries avec les vivants.
Bon vent.
Didier

juillet 25th, 2013
Didier

I m ok for writing in English but you have to answer me in English too! I hope everything is ok for you!
See you !
Ps: I miss your emails it was so insane as you are!

juillet 25th, 2013
L american
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